Numérique et participation : de la posture aux outils

Type de ressource concernée : Fiche méthodologique
Description de la ressource : Issu du livret réalisé dans le cadre de la maison de projet accessible ici.

La participation : pour bénéficier d’une expertise d’usages

Lorsque l’on aborde la participation des habitants, il est important de savoir quelle est notre intention, et donc notre attente vis à vis de chaque participant. Une démarche de participation aboutie saura articuler harmonieusement
les différentes expertises techniques (issues majoritairement des institutions et des professionnels) et les expertises d’usage (issues majoritairement des futurs usagers).
Si l’expertise technique est facilement reconnue comme une composante de la prise de décision, l’arbitrage final devra, dans une démarche participative, s’appuyer au même titre sur les expertises d’usages, souvent dévalorisées. Un projet
ayant pour ambition de se placer au service des usagers s’appuiera donc sur la prise en compte de cette double expertise à travers une démarche de participation visant un arbitrage éclairé des réalités « sensibles » du terrain.

Susciter la participation : une question de posture

La participation est une culture qui se développe dans l’action. C’est en expérimentant que se réduit le fossé qui peut exister entre décisionnaires et usagers. Un certain nombre d’éléments de postures et de savoir-être vont néanmoins pouvoir faciliter la participation dès le départ :
  • Être capable de partager le pouvoir - Toute démarche de participation revient à partager (à des degrés variables) le pouvoir de décision «Participer c’est prendre du pouvoir et faire participer c’est accepter d’en perdre» (1)
  • Être capable d’écouter - Être «en attention plutôt qu’en intention» et laisser la place à d’autres points de vue. Ne pas être guidé par ses certitudes, la participation n’a d’intérêt que si elle sert de guide effectif à l’élaboration d’une vision collective d’un sujet (2) .
  • Être capable de faire des propositions ambiguës - Coopérer avec différents acteurs (faire sincèrement participer) c’est œuvrer collectivement pour parvenir à des fins acceptables par tous. Il faut dans cette optique se garder de faire des propositions tellement bien ficelées qu’elles vont enfermer la réflexion dans « la bonne solution » que l’on détiendrait dès le départ. Mieux vaut donc partir de propositions, mais bien veiller à ce qu’elles ne soient pas totalement finalisées pour laisser la place aux idées des autres au sein d’un cadre organisationnel souple qui saura évoluer au gré de la contribution des uns et des autres (2) .

Installer un cadre de participation adapté

Pour être en capacité à mobiliser, il faut faire jouer les bons leviers et définir un cadre de participation adapté :
  • aux enjeux : de la simple consultation lorsqu’ils sont faibles à un dispositif au long-court plus ouvert lorsqu’ils sont importants,
  • à la culture participative locale : faire vivre d’abord de toutes petites expériences irréversibles de participation réussies, qui vont créer une relation de confiance et une culture locale de la contribution propice à permettre des
démarches de plus grande envergure.

La participation est une culture qui se développe au fur et à mesure. Les expériences positives vont susciter des envies et les expériences négatives de la méfiance. Il vaut donc mieux ne rien faire que de mettre en place une participation ratée, non-émancipatrice, car cela peut avoir un effet pervers de renforcer :
  • les stéréotypes des décideurs sur les habitants (ils ne participent pas)
  • les stéréotypes des habitants sur les décideurs (on ne veut pas vraiment de notre avis)

On ne peut pas toujours mettre en œuvre de but en blanc une démarche participative aboutie. Ce qui prime sera l’intention à l’origine de la démarche et le degré de participation que l’on souhaite finalement atteindre. Il faudra néanmoins se laisser le temps de susciter la confiance et l’envie des différentes parties prenantes pour tendre vers la co-décision, si tel est l’objectif.

Afin de mieux visualiser où en est une démarche participative et quels paliers il reste à franchir, on peut se référer à la grille d’analyse des différents niveaux de participation suivante (1)
  • La manipulation : public passif, transmission d’informations partielles
  • L’information : donne de l’information complète de manière transparente et objective
  • La consultation : on récolte des idées que l’on intègre en partie
  • La concertation : on associe une phase de négociation
  • La co-décision : la décision est prise à plusieurs.

Augmenter la participation grâce à des outils conviviaux

Les points précédents intégrés, nous pouvons alors outiller la démarche par des méthodes d’animation (des formats) et des outils numériques ou physiques de collecte ou de débat. Les outils numériques sont toujours supports à une animation et se doivent d’être conviviaux afin de ne pas devenir contre-productifs. Un outil convivial doit (3) :
  • être générateur d’efficience sans dégrader l’autonomie personnelle
  • ne susciter ni esclave ni maître
  • élargir le rayon d’action personnelle

Ces trois conditions permettront aux individus d’être acteurs de la démarche et d’avoir prise sur les outils qui leur sont proposés. Le rôle des outils de participation, qu’ils prennent la forme de méthodes d’animation ou de logiciels n’est pas à minimiser et vous en trouverez les prémisses dans ce livret, qui peuvent être utiles dans le cadre de l’animation de la Maison de Projet.

(1). Filipe Marques et Cecilia Gutel, SCOP L’engrenage, journée « Participation citoyenne et politique de la ville : vers un
renouvellement des pratiques » organisée par Ville au Carré en février 2015.
(2). Association Outils Réseaux - Trucs et astuces pour impulser la coopération
(3). Ivan Illitch, « La convivialité »
Lien vers la ressource (pour les liens externes ou les fichiers de plus de 20 Mo) : https://partage.osons.cc/s/8yJaxts1ZnIRZA3
Auteur.trice(s) de la ressource : Malvina Balmes, Romain lalande -Coopérative Artefacts
Licence d'utilisation la ressource : CC BY SA
Contributeur.trice.s connaissant cette ressource :